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--- robots: noindex, nofollow --- # **Discriminée par le système** Ecrasée par son institution, silenciée par ses pairs, harcelée par des collègues... Vous pouvez laisser ici vos témoignages anonymes (ou me les envoyer par e-mail mais ça sera moins anonyme) librement sans filtre hormis celui de ne nommer personne explicitement. ************** Une collègue dans un message sur La Liste explique qu'il y a plein de manières d'empêcher les femmes de s'exprimer ou d'avoir un impact. Le harcèlement (il n'y a pas que le harcèlement sexuel, les manipulateurs ont aussi d'autres recours) est une technique efficace. Le mépris et les reniflements quand on ouvre la bouche aussi, etc. Et on peut être traitée de harpie indépendamment de son rang et cela est très efficace pour que ce qu'on dise n'ait aucun effet, voire pire (mais plus le rang et bas et plus c'est efficace). Ajout d'une autre contributrice : également très efficace pour dévaloriser un propos, quand une femme manifeste son désaccord : lui demander "si elle a ses ragnagnas" ************** Lors que je suis partie en arrêt pour grossesse pathologique, un collègue a insisté pour que je corrige des copies. ************** Une doctorante de mon labo a des soucis avec son directeur de thèse. L'école doctorale n'intervient pas, car le dit directeur est aussi le directeur du labo. ************** Je viens d'apprendre que mon projet ANR est accepté, du coup je commence à planifier une rencontre. Le directeur du labo mecxplique que ça va être vraiment compliqué d'organiser une rencontre. **************** une femme promue DR par le comité national après avoir bien précisé ne pas être mobile, et l'INSMI refuse de valider son affectation dans son laboratoire ************** Au moins un directeur de laboratoire a refusé d'effectuer la sensibilisation des comités de sélection aux biais de genre, comme demandé par la commission parité ******************** Lorsque je demande une mutation pour rapprochement familial (au sein du même grade), on me répond qu'on ne va quand même pas recruter une femme sous prétexte que c'est la femme d'un prof. ******************** Un collègue m'a un jour dit que une femme c'est pas bon en maths ou alors c'est pas une vraie femme. ******************** J'ai été classée 3eme derrière deux hommes hors profil sur un poste de prof alors que j'étais dans le profil. On me dit que c'est parce que j'ai fait une audition au tableau noir, alors que les exposés projetés sont devenus la norme. ******************** Une collègue professeure habite la ville X et travaille dans la ville Y. Les collègues de la ville X lui demandent d'encadrer des étudiants de M2, mais ils lui refusent un coin de bureau. Elle les encadre à la bibliothèque. ******************** Une collègue qui part en arrêt maladie pour épuisement, s'entend dire qu'elle devra rattraper ses heures à son retour. ******************* Une collègue qui a des enfants en bas âge fait remarquer en mars 2020 que les injonctions de l'université sont absurdes et ingérables. Elle s'entend répondre qu'elle peut bien faire ses cours et demander à son mari de s'occuper des enfants (variante: pour les vacances des enfants elle n'a qu'à se débrouiller) ******************* Je suis jeune mcf, et fais 192h de cours nouveaux, principalement au 1er semestre. Je tombe enceinte, pars en congé maternité à l'été puis au 1er semestre de l'année suivante, je dois repréparer plus de 100h nouvelles pour le 2e semestre de ma 2e année de mcf. J'en reprépare encore environ 100h nouvelles au 1er semestre de sa 3e année, et repars en congé maternité au 1er semestre de ma 4e année, reprépare des heures nouvelles pour le 2e semestre malgré tout, reprépare 100h nouvelles pour la 5e année. Je vais attendre la 6e année (et deux enfants en bas âge) pour avoir enfin un service 100% identique à l'année précédente. *** C'est ma première etudiante en thèse, j'ai soigné le sujet, elle est super et travaille très bien. Après un an elle a bien avancé mais brutalement je remarque qu'elle est demotivée et je lui tire les vers du nez: un collègue (plus agé que moi, plus etabli) lui a dit que son sujet est nul. Je vais voir un autre collègue (plus âgé, plus établi), pour lui demander de lui parler et de lui confirmer que le sujet et ses resultats sont interessants (elle soutient sa these, fait un postdoc et obtient un poste permanent et sa these est bien citée 15 ans plus tard). *** On prepare les rapports HCERS, j'ai un bébé, c'est mon premier et je ne m'occupe pas vraiment du rapport. Un de mes collègue (plus âgé, respecté pour ses maths, vaguement de mon domaine) trouve que je suis érigée en leader dans ce rapport, trouve que je n'ai pas le niveau pour ça et va raconter à plein d'autres collègues, surtout des jeunes ou des gens pas du domaine, qu'on va se taper la honte HCERS à cause de ça. Bien entendu je ne suis pas au courant, je remarque que les collegues me regardent de manière étrange, et quelqu'un finit par me le dire. Par la suite j'ai l'impression que ma parole n'est plus écoutée de la même manière et je finis par muter dans une autre université. *** Mon chef d'equipe est dans le comité de suivi de these de mon etudiant, il est un peu loin du sujet mais pour les comités de suivi c'est courant. Il me demande d'un air condescendant si le sujet est vraiment porteur, si c'est pas trop ´niche´ et mecsplique qu'il faut avoir ça en tete pour l'avenir des etudiants. J'ai eu plus d'etudiants que lui et c'est pas son domaine, mais je me demande comme ça va jouer à la prochaine demande de bourses. *** J'ai renoncé, à partir de la dernière année de ma thèse, à demander des lettres de recommandation à mon directeur de thèse car j'ai su d'une tierce personne qu'il avait écrit, dans l'une des rares que je lui ai demandé, que je n'étais pas suffisamment obéissante. J'aurais aussi "détourné l'argent de son ANR" (je paraphrase, n'ayant eu que des propos rapportés) pour travailler sur un second projet (avec un certain co-auteur) durant ma thèse. [Ironiquement, il m'avait initialement encouragée à travailler sur un projet avec le co-auteur en question]. *** Je suis étudiante en Master de mathématiques et j'hésite à passer l'agrégation, mais mon objectif est de faire de la recherche en mathématiques comme je l'indique à Mr X, chercheur renommé, et responsable de la prépa agrégation. Je viens aussi d'obtenir un Master en Economie, et il me rétorque immédiatement (sans rien savoir de mon dossier scolaire) "Et pourquoi vous ne continuerez pas vers l'économie? DSK a bien une agrégation de mathématiques." *** J'entre bientôt dans ma dernière année de thèse, j'ai 26 ans, et la relation avec mon directeur de thèse qui n'encadre pas véritablement ma thèse a évolué vers un conflit larvé, dont l'ED est informée, mais sans pouvoir y trouver une alternative. Heureusement, Grand Professeur Y, retraité de l'équipe, m'épaule gentiment, essaie de jouer les intermédiaires, et joue le rôle de directeur de thèse de substitution occasionnellement (en relisant mon travail, et en répondant à quelques questions sur des outils de base). Puis Grand Professeur Y commence à me harceler sexuellement (commentaires sur mes tenues, avances, ...etc). *** Une femme est invitée, suppliée de participer à son 5e comité de sélection cette année (elle a réussi à en refuser un et ne fera partie "que" de 4 jurys). À plusieurs reprises, elle entend un collègue affirmer que pour être dans un comité de sélection, si on est un homme c'est qu'on est compétent, mais si on est une femme c'est parce qu'il y a besoin de femmes. (Au passage, l'année précédente, aucun de ses collègues masculins n'a participé à un seul jury de recrutement ou thèse, alors que la femme en question - sans HDR - a participé à trois jurys de thèse et un jury de recrutement. Sûrement uniquement parce que c'est une femme.) *** Un collegue dr fait des avances à une collegue cr en lui posant la main sur la cuisse. Elle le repousse et suite à ca il se comporte de maniere dedaigneuse et desagreable envers elle dans des situations professionnelles. Elle demissionne de tous les comités dans lesquels il est, et finira par muter ailleurs. Tout le labo est au courant mais personne ne sait comment reagir alors personne ne fait rien. Un jour je me trouve avec le président de l'université et le délégué régional, ils sont au courant de l'affaire et je leur demande d'envoyer un email au labo pour dire de pas toucher aux cuisses et de ne pas faire des avances aux collegues sur le lieu de travail et ils se regardent et me rient au nez. Devant mon air eberlué ils finissent par me dire que c'est l'affaire de la cellule VSS (et ils s'en sont lavé les mains). *** Je suis en debut de these et mon directeur m'envoie discuter avec un jeune matheux qui vient de prouver un resultat important. Le mec veut pas discuter à moins que j'accepte de sortir avec lui le soir. Je refuse et n'arrive pas à avoir une conversation scientifique. Je raconte à mon directeur que j'ai pas eu le temps de discuter avec le mec en question. Mon directeur de thèse se fâche contre moi parce que j'ai pas su saisir cette occasion. *** Je suis postdoc et je vais donner un séminaire à un endroit où j'aimerais trouver un poste. Après le seminaire je sors diner avec un prof et un cr. Après quelques verres le cr me dit devant le prof qu'il ne comprend pas pourquoi je ne fais pas plus d'efforts pour séduire le prof si je veux vraiment le poste. *** On a une cellule VSS dans mon université, et un labo à ambiance masculiniste et toxique. Une amie me convainc d'aller en parler à la cellule, et comme elle en souffre beaucoup j'y vais, histoire de corroborer ses dires. Et puis j'oublie ca. 4 ans plus tard, un des collègues que j'ai nommé comme participant à l'ambiance lourde m'écrit un e-mail pour demander des comptes: le rapport, que je pensais confidentiel, a circulé, avec mon nom dessus, je suis la balance. Je trouve difficile de travailler normalement suite à ça. *** Je suis jeune chercheuse non habilitée, je m’appelle D. Dans mon labo, mon collège B a mon âge et coencadre l’étudiant A avec C, qui est l’actuel directeur de labo. La thèse n’avance pas, mes compétences sont requises et j’accepte de co-encadrer A car je suis passionnée par le sujet. A ne travaille pas suffisamment et trouve mes remarques humiliantes, sans doute car pour lui je ne suis pas à ma place pour le critiquer (il pense que je fais de la merde, en plus je suis une nana, je ne suis pas là pour ça). Et C est 'd'accord' avec lui : je ne devrais pas humilier A. Pas une seule fois il ne dit que c'est A qui a un soucis, et que je ne peux rien faire contre ça. Pourtant je lui ai expliqué plusieurs fois (à C). Mais il ne peut pas le comprendre, sans doute parce que dans le fond, il est d'accord avec A, je n'ai rien a faire là. J'ai été prise juste parce que je suis une femme, on me donne des sous juste parce que je suis une femme, il ne s'agirait pas en plus que j'ai le droit à la même place que les autres... Je vais me faire plus confiance. J'ai tout de suite été mal à l'aise avec B, car on a pile le même âge et j’ai toujours eu plus de succès. Il a dit devant toute la salle café ‘D elle couche avec E’ (c’était l’ancien directeur du labo) et je sais qu’il va raconter a qui veut l’entendre que je fais des sous-maths. J’espérais être valorisée pour l’aide concrète à la thèse de A, mais je ne le suis pas et ne comprenais pas pourquoi, et j'ai cru que c'était moi le problème. *** Dans le genre insidieux que je n'arrive pas à placer. Tant pis, je me lance. Je suis en conférence, jeune doctorante et déjeune face à un DR bien en vue. Assez vite, la conversation se centre sur des "défaut mathématiques" ("bad scholarship") d'une femme prof et d'éventuelles crasses qu'elle aurait faite à des mathématiciens. Je suis dans la grande salle café, le matin, deux collègues se mettent à discuter avec moi d'autres chercheurs et chercheuses. En particulier, sur les deux femmes dont ils parlent sur 3 personnes, ils n'en disent que du mal (critiques d'initiatives, de revendications administratives...). Je suis en conférence, on déjeune le matin, la tablée est remplie de jeunes doctorantes et post-docs et moi. Un collègue se met à discuter de au hasard, mathématiciennes profs aux US, avec l'une d'entre elles assez puissante. Sur l'une, il critique ses choix de sujets de thèses (essentiellement elle va/a flingué le futur de son/sa thésard/e), il ne fait que critiquer le comportement scientifique de l'autre. Honnêtement, ça me permet de comprendre pourquoi certaines d'entre nous sont si isolées, voir ne cherchent pas à interagir avec d'autres mathématiciennes et me coercent dans une certaine perfection humaine et scientifique. *** Je suis une chercheuse senior reconnue internationalement. J'ai été écrasée face au déni de ma direction: Il y a quelques années, j'ai été confrontée à une post-doc, A, souffrant de problèmes psychiques, qui m'a accusée de harcèlement moral. Personne ne m'a soutenue dans mon environnement professionnel, malgré mes nombreux appels au secours. Un nouvel encadrant scientifique, B, a été proposé à A, mais je suis restée responsable du financement et de la logistique de A jusqu'à la fin de son contrat. Par ailleurs, B a refusé de me parler pendant toute cette période, qui a duré 14 mois. Cela a gravement détérioré mes rapports avec mes autres post-docs et a provoqué un épuisement physique et moral, au point que mon généraliste a dû prescrire un arrêt de travail. Il me semble bien que les trois critères (Code général de la fonction publique, Chapitre III, Article L133-2) suffisant à caractériser le harcèlement moral sont réunis: la répétition; la dégradation de mes conditions humaines, relationnelles ou matérielles de travail; et l'atteinte à ma santé physique, ma santé mentale, mon avenir professionnel. (Il est utile de rappeler ici que l'intentionnalité n'est pas nécessaire pour caractériser le harcèlement moral.) A a ensuite entamé un post-doc avec une collègue X, dans un autre pays. Quelques mois après, A a dénoncé son encadrante X pour harcèlement moral. J'ai pu protéger X en expliquant à Y, un chercheur senior du labo de X, ce qui m'était arrivé avec A. Cependant, A a conservé son poste, avec une nouvelle encadrante scientifique, mais toujours rémunérée par X, qui en restait responsable (le même scénario que lors de son post-doc avec moi). Un an après, A a traversé une troisième crise dans son cadre professionnel, cette fois devant plusieurs témoins. Elle a alors été licenciée, suite à son comportement violent. Après cela, A a candidaté à un poste dans son pays d'origine. Le comité local ne m'a pas demandé d'avis, ni à X, mais a consulté Y. Il se trouve que Y est un homme. ***